J-50 | ARKEA ULTIM CHALLENGE – BREST | Anthony Marchand : comme un air de Pot-au-Noir !
Lundi 26 février 2024, à Rio de Janeiro (Brésil)
Ce lundi, alors quâil se prĂ©pare Ă entamer son 51e jour, Anthony Marchand Ă©volue au ralenti, au large des cĂŽtes BrĂ©siliennes. Cinq jours aprĂšs avoir dĂ©bordĂ© le cap Horn, le skipper dâActual Ultim 3 compose, en effet, ainsi quâil sây attendait, avec des vents trĂšs faibles dans les restes dâun front orageux. Pour lâheure, il nâa donc pas dâautre choix que de prendre son mal en patience avant de retrouver un peu plus de pression Ă hauteur de Recife, en dĂ©but de week-end prochain. Si ce scĂ©nario lâoblige Ă se montrer philosophe, le navigateur ne mĂ©nage cependant pas ses efforts pour exploiter la moindre risĂ©e dans le bon sens. Et pour cause, il le sait, tout ce qui est pris maintenant ne sera plus Ă prendre ensuite, lorsque son concurre nt direct, Ăric PĂ©ron, sera revenu nettement dans son rĂ©troviseur dâici au passage du Pot-au-Noir.
« Le temps est orageux. Le vent oscille entre 0 et 8 nĆuds et tourne dans tous les sens. Parfois le bateau se met Ă contre ou fait des 360°. Je suis, comme prĂ©vu, dans une grosse zone de molle au large de Rio de Janeiro. JâespĂ©rais mettre plus ou moins 48 heures pour aller jusquâau Pot-au-Noir (1) mais je vais finalement mettre presque une semaine pour y parvenir ! », a racontĂ© Anthony Marchand, ce matin, alors joint par son Ă©quipe. De fait, ses vitesses de progression varient entre 5 et 12 nĆuds. Loin des 30 nĆuds de moyenne quâil tenait encore il y a peu aux abords du cap Horn.
« Je suis bloquĂ© Ă la barre. DĂšs que le bateau est lancĂ© et quâil y a un peu moins de nuages, jâessaie de me reposer. Jâai branchĂ© diffĂ©rentes alarmes sur Adrena (son logiciel de navigation, ndlr) afin de pouvoir mâadapter Ă chaque changement du vent, que ce soit en force ou en direction. Je fonctionne Ă trĂšs court terme, avec ce que je vois autour de moi. Je me fixe un objectif de lĂ oĂč je veux aller et jâessaie de le respecter au maximum », a dĂ©taillĂ© le skipper dâActual Ultim 3 soumis aux affres du vent, quasi inexistant sur sa zone de course.
« Mon but est de rĂ©ussir Ă mâextraire au plus vite de la baie de Rio mais je sais que je vais manger mon pain noir jusquâĂ la latitude de Recife ». De fait, la situation va demeurer complexe jusquâen dĂ©but de week-end au moins. La raison ? Des alizĂ©s BrĂ©siliens actuellement aux abonnĂ©s absents.
« En cette pĂ©riode dâĂ©tĂ© Austral, les alizĂ©s sont trĂšs souvent moins bien Ă©tablis ou moins forts. Pour preuve, statiquement, on sait que pour le record du TrophĂ©e Jules Verne, par exemple, plus on part tard dans la saison et plus les chances sont grandes de connaĂźtre une fin de parcours lente », a dĂ©taillĂ© de son cĂŽtĂ© Christian Dumard, consultant mĂ©tĂ©o et membre de la cellule routage du team Actual, confirmant par ailleurs que le skipper dâActual Ultim 3 va devoir composer avec de petits airs pendant trois ou quatre jours Ă minima. « Ăa va rester faible et tordu jusquâĂ samedi. A partir de la latitude de Salvador de Bahia, Anthony va toutefois pouvoir profiter dâun peu de vent de nord dans une bande de 150-200 milles le long de la cĂŽte », a ajoutĂ© le spĂ©cialiste.
Tout ce qui est pris ne sera plus Ă prendre
« Dâici peu, je vais pouvoir profiter de la brise thermique Ă certaines heures de la journĂ©e mais continuer de batailler dans la pĂ©tole complĂšte durant la nuit. Ăa promet de ne pas ĂȘtre Ă©vident », a abondĂ© Anthony Marchand qui subit parfois de belles averses. « En ce moment, jâai un peu lâimpression dâĂȘtre dans le Pot-au-Noir. Câest assez corsĂ© mais le positif, câest que les grains ne sont absolument pas violents. Il tombe effectivement parfois des trombes dâeau mais globalement il fait grand beau. Je suis en tee-shirt et pieds nus. Je me rends compte Ă quel point la chaleur mâavait manquĂ© car elle ne me dĂ©range pas du tout ! », a commentĂ© le marin, ravi de retrouver un peu de confort Ă diffĂ©rents niveaux.
« Le fait dâavoir retirĂ© la doudoune et de pouvoir me doucher tous les jours, ça me fait un bien fou ! La premiĂšre toilette aprĂšs le tunnel du Grand Sud Ă©tait carrĂ©ment une nĂ©cessitĂ© ! A prĂ©sent, je suis propre et je mets du dĂ©odorant. Je suis prĂȘt pour aller au bal ! », sâest amusĂ© le navigateur qui ne relĂąche pas la pression pour autant, bien au contraire.
Et pour cause, Ăric PĂ©ron est sur ses talons et grappille des milles, mĂȘme sâil le fait moins vite quâattendu ainsi que le confirme Christian Dumard : « Adagio devrait dĂ©jĂ ĂȘtre Ă ses basques or ce nâest pas le cas puisquâil est Ă plus de 650 milles. Il nâest pas trĂšs rapide et sa vitesse est un peu en dents de scie. Il se fait, de ce fait, rattraper par une bulle anticyclonique. Il nâempĂȘche quâil devrait malgrĂ© tout revenir Ă moins de 150 milles dâActual Ultim 3 dâici au passage du Pot-au-Noir, aujourdâhui distant dâenviron 1 800 milles », a soulignĂ© le consultan t mĂ©tĂ©o.
« Le fait de voir Ăric revenir me stimule Ă©normĂ©ment. Je sais que chaque mĂštre de pris aujourdâhui ne sera plus Ă prendre demain. Pour lâheure, je progresse au ralenti. Câest un peu dur mais je prends ça avec philosophie. De toutes façons, je ne peux pas faire autrement. Je nâai dâailleurs pas le temps de cogiter. Il y a Ă©normĂ©ment de choses Ă faire dans lâinstant. Je suis focus »
Anthony Marchand – Skipper Actual Ultim 3 & Team Actual
Le Pot-au-Noir (1) : Nom donnĂ© par les marins Ă la ceinture Ă©quatoriale de zones de basses pressions fortement convectives, formĂ©e par la convergence des masses d’air chaudes et humides provenant des tropiques portĂ©es par les alizĂ©s.
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